Buda: autour de l’Eglise Mathias.

Ce n’est qu’en 1873 que Buda, Obuda et Pest ont été réuni rappelons-le! Avant cette période, Buda était le siège royal ce qui explique l’imposant château (objet d’un futur article) qui occupe  toute la partie sud de la colline. La vieille ville de Buda plusieurs fois détruite, tout comme le château, a été reconstruite  à l’image de celle du 18ème siècle. Au centre de la colline, sur la partie la plus élevée, l’Eglise Mathias se dresse fièrement dans toute sa blancheur au milieu de la Place de la Trinité comme protégée à l’Est par le Bastion des Pêcheurs.

La Place de la Sainte Trinité (Szentharomsag Ter) doit son nom au monument baroque de la Trinité, signé Fülop Ungleich et élevé en 1713 pour commémorer les grandes épidémies de peste qui frappèrent Buda en 1691 puis en 1709.

Au sommet, la Sainte Trinité domine angelots dans les nuages et statues de saints.

Les bas-reliefs sur le socle ont été sculptés par Anton Hörger.

Mélange des styles roman, baroque, renaissance dans les maisons tout autour qui feront l’objet d’un autre article.  Pallas déesse païenne, protectrice de Buda (les armoiries de la ville sont gravées sur son bouclier) est là qui nous surveille…

L’église de l’Assomption de la Vierge fondée en 1255 est plus couramment appelée église Mathias,  nom du roi qui contribua à l’agrandir et à l’embellir, Mathias Corvin. Maintes fois détruite et reconstruite, elle est devenue un véritable symbole national du recommencement!

Très fidèlement reconstituée entre 1874 et 1896 par Frigyes Schulek  dans le style néo-gothique hongrois, elle l’a été à nouveau, après la deuxième guerre mondiale, et offre, même de loin, une vue sur ses tuiles vernissées magnifiques et sur ses tours atypiques.

La Tour dite Mathias culmine à 60m de hauteur dans un style néo-gothique tandis que la Tour Bela, à gauche du portail, a gardé son style roman et certains éléments médiévaux. ( fenêtres étroites style meurtrières par exemple.)

Le  portail principal se trouve dans la façade ouest. Au-dessus du portail, un bas-relief en pyrogranite (céramique inventée par Zsolnay) représente la Vierge et  l’Enfant Jésus entre deux anges. Il a été réalisé par Lajos Lantai. La rosace est une reproduction exacte du vitrail d’origine.

Façade sud, les tuiles polychromes aux motifs fleuris ornent le vestibule qui protège le portail du 14ème siècle.

Dans les niches au-dessus de la porte, les statues du roi.

Plusieurs légendes circulent pour expliquer pourquoi le roi Mathias avait comme blason un corbeau. Un jour, un corbeau aurait volé une bague qui lui appartenait. Pour reprendre son bien, il aurait tué l’oiseau et décidé, pour marquer l’événement, de faire du volatile son emblème. D’où également son surnom, Corvin qui vient du latin corvus: corbeau.

Le magnifique fronton sculpté dans la pierre de la porte Marie représente la Dormition (La Mort de la Vierge). Il date du 14ème siècle. Il a été reconstruit à l’identique à partir de fragments.

Ce qui  frappe en entrant dans l’Eglise Mathias, c’est l’immensité de la nef et la profondeur des collatéraux. Les drapeaux que l’on peut y voir sont ceux qui représentaient les différents comitats de Hongrie lors du couronnement de François-Joseph de Habsbourg en 1867. C’est d’ailleurs à cette occasion que Franz Liszt a composé sa célèbre Messe du Couronnement.

Au premier abord, on pourrait se croire dans une église byzantine…Les murs recouverts de peintures ornementales très riches en motifs sont le fruit d’un travail minutieux d’artistes qui ont imité les fragments d’origine retrouvés.

Les quatre pères de l’Eglise (St Ambroise, St Augustin, St Grégoire et St Jérôme) et les quatre évangélistes ( Marc, Mathieu, Jean et Luc) ornent la chaire qui date elle aussi du 19ème siècle.

 

Sur la gauche, l’oratoire royal. Au centre le maître-autel signé Frigyes Schulek,  inspiré des triptyques gothiques.

Au niveau supérieur, on remarquera la statue de Marie encadrée par les rayons du soleil et couronnée depuis l’an 2000 l’année du grand jubilé et du millénaire de l’état hongrois.

Au niveau inférieur, sa présentation au Temple de Jérusalem et la venue du Saint Esprit à la Pentecôte.

Sur la voûte, au-dessus de l’autel, sont représentés les symboles des quatre évangélistes. Le Lion ailé, Marc.  L’Homme-Ange, Matthieu. Le Taureau ailé, Luc. L’Aigle, Jean.

Les chapelles latérales sont nombreuses et contiennent toutes des décorations néo-gothiques datant du 19ème.

La Chapelle Saint Emeric (Szent Imre) abrite un retable à trois volets.

Les trois statues polychromes représentent le Prince Imre mort accidentellement lors d’une chasse au sanglier. A sa gauche son père le Roi Etienne (Istvan), fondateur de la Hongrie et à sa droite son précepteur l’Evêque Saint Gérard. (Szent Gellert)

Dans la Chapelle de la Trinité reposent  le roi arpadien Bela III et sa première épouse Anne de Châtillon d’Antioche sous un superbe dais sculpté.

La Chapelle de Lorette est consacrée au culte de la Vierge.

La Chapelle Sainte Croix, où se trouve, dit-on, un tout petit mais néanmoins précieux morceau de la Croix du Christ. Non loin de là, cette Madone baroque est la reconstitution de la statue originelle qu’on avait cachée dans un mur pendant l’occupation turque.

La Chapelle Saint Ladislas est décorée des fresques de Karoly Lotz consacrées à la vie de ce roi de Hongrie, Ladislas, ou Laszlo 1er, dit « le législateur » qui régna à la fin du 11e siècle.  Celle-ci célèbre la canonisation de saint Ladislas(1192).  A ses côtés Bela III qui célèbre la canonisation et le Pape Céléstin III qui l’a autorisée.

Les fonts baptismaux en pierre sculptée. Quatre colonnes ornées d’un lion à la base soutiennent la cuve dont le couvercle est en bronze.

Un escalier en colimaçon monte à l’Oratoire Royal d’où on bénéficie d’une vue plongeante sur l’ensemble de la nef. On peut y voir une exposition de vêtements et d’objets d’art sacré entre autres.

 

Les vitraux datent du 19ème et représentent les épisodes de la vie de la Vierge, de Sainte Elisabeth et de Sainte Marguerite (toutes deux princesses de la maison royale des Arpad.) Comme les peintures murales, ils sont l’œuvre de Frigyes Schulek, Karoly Lotz et Bertalan Szekely.

Le bastion des pêcheurs. ( Halaszbastya)

Malgré son nom il n’était en rien défensif. Elevé sur l’ancienne place du marché au poisson, dans un but purement esthétique par Frigyes Schulek à la toute fin du 19ème siècle- début 20ème, il a été conçu pour que les gens de Buda puissent admirer les tout nouveaux édifices admirables dont Pest venait juste de se doter. Parlement, Basilique St Etienne, promenade le long du Danube, ponts.

Ensemble de tourelles et remparts dans le style néo-roman. Les sept tours coniques rappellent les tentes des premiers magyars et symbolisent les sept tribus Magyares dont les chefs sont chacun représentés par une statue.

La statue équestre en bronze de Saint Etienne, le roi qui introduisit le christianisme en Hongrie regarde vers l’Eglise. Elle date de 1906. Il est revêtu de son manteau de couronnement et coiffé de la sainte couronne. Dans sa main droite, la double croix apostolique qui symbolise la conversion du pays au Christianisme. L’auréole au-dessus de sa tête rappelle sa canonisation en 1083.

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