Guingamp, la petite cité de caractère.( 22)

Plus connue pour son équipe de football, le « En avant de Guigamp », la petite cité mérite pourtant qu’on s’y arrête. L’ arpenter c’est traverser allègrement plus de cinq siècles d’architecture urbaine. Avec ses maisons à pan de bois, les imposants bâtiments laissés par les nombreuses communautés religieuses qui y ont séjourné, ses places où il fait bon flâner, ses hôtels particuliers en granit ocré, sans oublier la première prison de conception humaniste devenue aujourd’hui le centre d’art Gwinzegal, Guingamp n’a rien à envier aux villes plus touristiques.

La Place du centre dessinée en forme de médaillon Louis XV (penser à l’assise des fauteuils du même nom…) a été rénovée en 2018 et on peut s’attabler à l’une de ses nombreuses terrasses pour profiter de la vue sur ses précieux trésors. Par exemple, sur la fontaine de style Renaissance (ou Plomée ) qui a vu le jour dès le 15ème siècle et a été déplacée au sommet de la place à la fin du 16ème et entièrement rénovée en 1745.

Les bassins en granit et en plomb, sont ornés d’animaux fantastiques, d’anges et de personnages mythiques.

Les maisons à pans de bois de style guingampais construites fin 15ème, début 16ème, s’inspirent du triforium gothique de la basilique. Plus la façade est décorée, plus elle révèle la richesse de ses propriétaires! La Maison Gousset à droite date de 1416. C’est la 2ème plus vieille maison de Bretagne.

C’est avec ceux qui sont devenus l’un une pâtisserie, l’autre une boutique de chaussures, les plus beaux hôtels particuliers à pan de bois de la ville classés Monuments Historiques .

Toujours sur la place, on peut voir une belle maison recouverte d’ardoises qui date de la même époque.

Les premiers hôtels particuliers en granit ocré apparaissent un peu plus tard entre le 17ème et le 18ème siècle. Rue Notre-Dame, celui dit « de la Duchesse Anne » ( oui, encore!) habillé d’une élégante tourelle en est un magnifique exemple.

Notre Dame du Bon Secours, est l’un des plus anciens et des plus atypiques monuments de la ville. D’abord chapelle du château puis simple église, toute en granit, elle est édifiée entre la première moitié du 12ème siècle et la fin du 16ème et ne devient une Basilique qu’en 1899. Plus de quatre siècles de construction et de restauration entremêlent les styles selon les époques: Roman, Gothique et Renaissance. Au-dessus de la porte, le clocher et sa flèche ( 57m de hauteur) construits sur les bases romanes de l’église a été détruit en 1944 et reconstruit à l’identique 10 ans plus tard.

Sur le parvis Sud, la porte des Ducs est ainsi nommée parce c’était celle qui reliait au château et qu’empruntaient ces Messieurs pour assister aux offices.

Sur la façade Ouest, la tour de l’horloge et la tour plate avec la chambre des cloches encadrent la tour carrée surmontée de la flèche.

La partie sud-ouest s’étant effondrée au 16ème siècle, elle est reconstruite dans le style Renaissance et le portail richement décoré, aux cinq voussures en est un très bel exemple.

On entre dans la Basilique par le côté nord, rue Notre-Dame. De facture gothique, en témoignent les pignons de hauteurs inégales et les superbes gargouilles.

A l’intérieur, on retrouve le mélange des styles: les colonnes du 13ème siècle au nord et celles du 16ème au sud.

Le choeur est édifié vers 1350. En forme d’église-halle voûtée, il est dit unique dans l’architecture gothique bretonne. Un bas-relief en bois polychrome représente des scènes de la Passion du Christ.

Des arcs boutants sont ajoutés au 15ème siècle pour agrandir l’église.

Au-dessus de la nef, une galerie (triforium) d’époque gothique, surmontée d’une galerie renaissance aux balustrades décorées de coquilles.

Sur les piliers de l’époque gothique, des têtes sculptées de femmes, d’hommes ou encore de diables ou d’animaux.

La chaire à prêcher du 19ème siècle est plutôt sobre.

Les fonts baptismaux posés sur une dalle noire font face à un tableau qui représente Saint Jean Baptiste versant l’eau sacré sur la tête inclinée du Christ. La scène se déroule sur les rives du Jourdain.

Les vitraux du côté nord datent de la seconde moitié du 19ème siècle tandis que ceux du côté sud sont contemporains et proviennent de l’atelier de M.de Sainte Marie à Quintin fermé depuis le début 2012.

Les statues sont en grand nombre. J’ai retenu deux sculptures en bois polychrome qui forment le groupe de la Visitation et qui ont été restaurées par les Beaux-Arts au 20ème siècle. L’une d’elles représente la Vierge de l’Annonciation qui tient une Bible dans sa main droite et lève la main gauche.

La Vierge Noire en bois polychrome est exposée dans une chapelle située du côté nord de la basilique. On n’est pas sûr que ce soit l’originale qui daterait du 14ème siècle, certains pensent qu’il s’agit d’une copie.

Les Armoiries de la Basilique divisées en quatre quartiers: les armes de Bretagne, les armes de Françoise d’Amboise, les armes de la Seigneurie de Châtillon et les armes de la ville. La devise sur le phylactère « Un triple lien est difficile à rompre. »

Deux enfeus méritent qu’on s’y attarde. Celui de Roland de Coatgoureden, sénéchal du Duc de Blois qui a joué un rôle important dans la bataille de succession de la Bretagne au 14ème siècle. Le Lion à ses pieds symbolise force et courage.

Le deuxième enfeu est celui de Monseigneur Jean-Marie Robin, ancien curé-doyen de Guingamp pendant vingt ans. Paré de ses vêtements sacerdotaux, merveilleuse dentelle de pierre, un coussin sous la tête, il est veillé par deux anges sous le regard de son fidèle chien.

Les Augustines de la Miséricorde se vouent à la garde des malades et au service des hôpitaux. Elles arrivent à Guigamp en 1676 et l’ancien hôpital étant devenu vétuste, la construction du monastère débute en 1699. Il va servir d’hôpital jusqu’à la Révolution. Situé Place du Champ au Roy, le bâtiment est plutôt austère. La Chapelle de style Renaissance est devenue une salle d’exposition.

Sur sa façade, un portail en plein cintre, encadré de pilastres est surmonté d’un linteau richement décoré et d’un oculus ou œil-de-bœuf.

De chaque côté une niche avec coquille et mascaron abrite à gauche la statue de la Foi, à droite celle de l’Espérance.

La statue de la Charité nichée sur le fronton quelque peu massif, domine l’ensemble. Les armes sont celles du Duc de Vendôme qui avait offert gracieusement le terrain aux religieuses.

En 1876, à l’extrémité nord du monastère, la municipalité fait construire une aile supplémentaire qui va servir d’hôpital militaire.

Aux heures d’ ouverture de la mairie qui s’y est installée depuis 1970, il est possible de visiter librement le rez-de-chaussée de l’ancien couvent.

Déambuler dans l’ancien cloître …

Admirer le tryptique du peintre post-impressionniste Paul Sérusier( 1864-1927) : Moïse et le Buisson Ardent.( révélation du Dieu éternel à Moïse.)

L’Annonciation à Marie (annonce de la maternité divine par l’archange Gabriel.)

La Nativité.

Face au magnifique escalier d’honneur du 18ème siècle, une petite vasque de granit datée de 1699. A noter les trois visages sculptés, bouche ouverte, pour l’évacuation de l’eau.

Surprenante cette prison d’avant-garde, à l’américaine, qui privilégiait l’enfermement individuel, chaque cellule donnant sur une cour intérieure ce qui facilitait le travail des gardiens. La Prison fut construite dans la première moitié du 19ème. Elle pouvait accueillir 35 détenus, hommes et femmes. Elle serait la seule en Europe, conservée en l’état.

Les cellules des hommes prévenus et le chemin de ronde.

Des trois châteaux érigés successivement jusqu’au 15ème siècle, il ne reste plus que trois tours arasées à la hauteur des remparts, seuls vestiges de l’ancien château détruit en 1626 sur ordre de Richelieu.

Ouverte en 2017, la passerelle au-dessus du Trieux permet une vue agréable sur la rivière et les toitures des maisons environnantes.

Pour mettre l’Art au centre de la ville, la Place de la République a accueilli Sitis, un faon géant, depuis 2022.

D’autres petits clins d’œil à l’art parsèment la petite ville créant chez le visiteur l’envie d’aller de l’avant promener son œil curieux.

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