Lannion, Capitale du Trégor.(22)

Lannion est la Capitale du Trégor, ancienne division administrative et religieuse qui constituait l’un des neuf pays de Bretagne avec le Léon, la Cornouaille, le Pays de St Brieuc, de Dol, de St Malo et les Pays, Rennais , Vannetais et Nantais. Fondée au début du Moyen Age, c’est un vrai plaisir de déambuler dans ses petites ruelles pavées au charme médiéval, d’admirer les façades de ses maisons à pan-de bois et de partir à la découverte de son riche patrimoine tant architectural que religieux.

Lors de ma venue, la ville s’offrait une grande toilette estivale et grues et bâches de protection cachaient malheureusement à la vue, l’ensemble des places. Heureusement cela n’empêchait pas de vérifier l’étroitesse des rues pavées,

de s’étonner de la multiplicité des maisons à pans-de bois( pas moins de 34!),

d’admirer leurs décors sculptés,

de s’extasier devant les maisons en ardoise dont une seule, dont la reconstruction date de 1646, est classée aux monuments historiques.

L’ancien Relais des Postes (L’Auberge de la Porte de France) ouvert en 1759 restera en service jusqu’en 1881, date à laquelle le chemin de fer arrive à Lannion.

Fondée par un ordre religieux militaire, l’église de la Trinité de Brélévenez faite de granit rose pour la partie romane et de schiste, s’étend sur une cinquantaine de mètres et est l’une des plus importantes du Trégor. Elle est le témoin parfait de l’architecture de transition entre l’art roman et l’art gothique. Elle est classée au titre des monuments historiques depuis 1909.

Pas moins de 142 marches pour y accéder! Bordées de maisons d’un seul côté depuis le 19ème. Construite au-dessus de la vallée du Stanco,(ancienne carrière de schiste) sur la colline du Crec’h Tanet (la colline du feu), elle permet une vue imprenable sur la ville et ses environs.

Le porche sud, roman, est surmonté de trois colonnettes construites en 1639 pour peser sur le mur et l’empêcher de pencher vers l’extérieur. On peut y voir bien sûr également le symbole de la Trinité.

Le clocher, percé de petites fenêtres est une ancienne tour de guet. Il fut construit à la fin du 15ème siècle.

C’est une tour carrée, en granit sur deux niveaux, chacun ceinturé d’une balustrade dont la décoration contraste avec l’aspect massif de l’ensemble. Elle est surmontée d’une flèche octogonale dont chaque face est elle aussi percée d’une petite fenêtre. On peut voir qu’il a malheureusement subi les outrages du vent breton.

Le transept sud, roman, et le chevet de granit rose datent de la fin du 12ème siècle. Malgré l’usure du temps on distingue encore les chapiteaux sculptés et les têtes sur les modillons et les hautes fenêtres étroites propres à l’architecture romane.

Fenêtres gothiques à remplages, parfois « signées » par le maçon avec un petit personnage.

On entre dans l’église par le porche-ouest creusé dans la tour-clocher et joliment mouluré.

La longue nef aux voûtes couvertes de lambris peint, débouche directement sur le Choeur. Sur le bas-côté, les arcs brisés reposent sur de grosses piles rondes qui penchent vers l’intérieur sous la pression des voûtes.

Au-dessus des grandes arcades, un triforium aveugle court tout le long de la nef.

C’est en 1660 que l’imposant retable baroque en tuffeau orné de colonnes de marbre noir, commandé par Pierre de Laval, est placé dans le choeur. Au centre, un tableau représente le Christ mort soutenu par Dieu le Père, sous l’Esprit-Saint figuré par une colombe. Il est encadré par trois statues placées dans des niches : une Vierge à l’enfant au-dessus, et de chaque côté, un évêque et un ange tenant un enfant par la main.

Un petit zoom sur la bannière(Vierge à l’Enfant), l’Evêque et le lutrin ( 18ème) classé aux monuments historiques.

Un autre sur les voûtes peintes finement décorées au fil d’or…

La Chaire classée elle aussi, tout comme le lutrin, date du 18ème. Ils proviennent tous les deux de l’atelier Guérin. Elle est surmontée de l’Ange du Jugement qui tient une trompette et une couronne. Sur les panneaux, sont représentés les quatre évangélistes avec leur emblème.

Le buffet d’orgue (1862) tout de bois sculpté est l’oeuvre de Jules Heyer.

Trois autres sculptures sont classées: un bas-relief du 15ème au-dessus de la porte de la sacristie, la Vierge entourée de quelques apôtres; une Vierge à l’Enfant avec St Jean baptiste et le Christ aux liens, statue en bois du 13ème ou 15ème siècle.

Dans la Chapelle du Mont Carmel, qui aurait bien besoin d’un rafraîchissement, la cuve des fonts baptismaux du 15ème siècle est ornée de têtes d’angelots.

Quelques bénitiers à remarquer…le grand bénitier rectangulaire est une ancienne mesure à grains et date du 13ème siècle.

Quelques statuettes disséminées sur les piliers, signatures de l’artisan…

Le Couvent des Ursulines, d’architecture classique, construit au 17ème siècle sera laissé aux administrateurs de la ville à la Révolution. La Chapelle construite en 1667 est devenue un centre d’expositions temporaires pour les artistes, peintres et sculpteurs, locaux ou pas. A l’origine, les cinq niches de la façade abritaient les statues de la Sainte Famille à qui était dédiée la chapelle.

Ne pas hésiter à déambuler le long du cloître magnifiquement restauré pour trouver fraîcheur et sérénité.

La construction de l’Eglise Saint Jean du Baly aura duré 37 ans de 1511 à 1548. Elle a été régulièrement agrandie jusqu’en 1902, ce qui explique son allure quelque peu biscornue. C’est en 1907 qu’elle a été classée monument historique.

A la tour carrée de 26mètres de haut, couronnée d’une balustrade ajourée de style gothique, est accolée une tourelle qui contient un escalier en colimaçon.

Sur la façade sud, un très beau cadran solaire du 17ème.

L’intérieur est impressionnant.

Les piliers ont un air penché sous le poids des voûtes.

Les vitraux art déco sont l’oeuvre de Henri Marcel Magne, le peintre qui a realisé ceux de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre à Paris. Ici, la Visitation et la Présentation de Marie au Temple.

Ce portail grillagé dissimule un escalier qui permettait d’accéder à un jubé, aujourd’hui disparu.

Dans un style plus traditionnel, le vitrail du Choeur.

La Chaire à prêcher du 17ème remplace l’ancien jubé. On y retrouve les quatre évangélistes et leur emblème.

Le buffet d’orgues datant de 1601 et restauré en 1972 est assez imposant.

Le Retable du Rosaire côté sud, offre au regard un tableau d’une Vierge à l’Enfant, entourée de Saint Dominique et Sainte Catherine de Sienne.

Le plafond lambrissé est peint. Une frise de feuillages, serpents , animaux fantastiques et autres personnages court au ras du plafond. Sans oublier les queues d’hermine emblème de la Bretagne.

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