Malestroit. (56)

Le charme des villages bretons n’est plus à démontrer et c’est dans cette petite cité de caractère, traversée par la rivière l’Oust et le canal de Nantes à Brest, que je vous emmène aujourd’hui sous le soleil et un ciel particulièrement bleu… Située à une quarantaine de kilomètres de Vannes, dans le Morbihan, Malestroit, la Perle de l’Oust, ancienne baronnie de Bretagne, est née au 11ème siècle et son centre médiéval regorge de nombreux trésors.

Bien qu’un peu excentrée, La Chapelle de la Madeleine en est l’un d’eux. D’abord léproserie puis prieuré en 1129, elle arbore fièrement un clocher roman qui daterait du 13ème siècle. Elle fut reconstruite dans la seconde moitié du 15ème siècle mais de cette époque, il ne subsiste qu’un mur aux fenêtres gothiques. Remaniée par la suite plusieurs fois, elle est désaffectée depuis 1870.

C’est dans cette ancienne léproserie que l’une des trêves de la Guerre de Cent ans fut signée en 1343.

Son clocher-mur fortifié est le plus ancien du Morbihan.

Traversons l’île Notre-Dame, au confluent de l’Oust et du Canal de Nantes à Brest, pour rejoindre le centre. Les anciens moulins à eau, dont le Moulin Gueguen, qui fournissaient tan et farine ou permettaient de fouler les tissus tissés. rappellent l’activité florissante de la petite ville.

La Place du Bouffay doit son nom à l’ancien français « bouffer » qui signifiait « souffler » en référence au crieur public qui avait pour habitude de souffler dans sa trompe pour se faire entendre. Centre névralgique de la petite ville, elle étale ses habitations bourgeoises pour preuve d’un passé prospère.

La légende veut que l’ Eglise St Gilles ait été construite sur une source sacrée. Ce qui est certain c’est que les transformations qu’elle a subies entre le 12ème et le 16ème siècle ont fait d’elle une église des plus imposantes sans doute parce qu’elle ne possède pas moins de deux nefs! Mi-romane, mi-gothique parée de portes rouges vif, elle surprend.

Une tourelle hexagonale, qu’on appelle « le Beffroi » sépare les pignons des deux nefs et ajoute au caractère particulier de l’ensemble. A l’opposé, l’horloge remplit le même rôle.

L’intérieur était malheureusement en réfection et l’on pouvait seulement avoir accès à la nef sud. De quoi malgré tout avoir un aperçu de sa robustesse…

et des émouvantes peintures sur voûtes (qui semblent remonter au 13ème siècle) dont elle est parée. Un félin unicorne, un éléphant de combat et un centaure.

Plusieurs vitraux réputés intéressants n’étaient donc pas accessibles ce jour-là. Seul  » rescapé », L’arbre de Jessé, vitrail classé, qui date du 16ème mais dont on ne connait pas l’auteur. Il diffère des autres vitraux bretons sur le même thème de par sa disposition horizontale.

Une statuette de St Jacques (15ème ou 16ème siècle) , classée elle aussi, rappelle s’il en est besoin, que Malestroit est également une étape sur le Chemin de Compostelle.

Mais c’est sa façade sud qui interpelle le plus le promeneur… Un vrai livre d’images! Grands reliefs, corbelets et chapiteaux offrent de superbes sculptures en gré ocré, certaines moralisantes, toutes hautement symboliques.

Des grands reliefs comme Le bœuf au repos et Samson terrassant le Lion sont porteurs de messages simples. Le premier rend hommage à ce gentil compagnon qui a permis la construction de l’édifice.

Samson terrassant le Lion qui arrache un rayon de miel de sa gueule symbolise La Force l’emportant sur la Charité.

Les corbelets évoquent certains des vices humains et des péchés capitaux. L’ivrogne qui se livre à son addiction en vidant un tonnelet de vin, l’avare sa bourse emplie d’argent autour du cou tourmenté par deux harpies griffues et l’acrobate , allégorie de l’homme quittant le Spirituel (la station droite) pour s’enfoncer vers les régions ténébreuses du Mal.

Les chapitaux nous racontent eux aussi toute une histoire, illustrant la débauche, l’adultère, la luxure, la contestation ou l’impureté.

Livres d’images encore, mais sur les maisons cette fois, avec ces amusantes figurines évoquant les fabliaux du Moyen Age… La Maison de la Truie qui file en est la parfaite illustration.

Le Penseur, l’Homme au Bâton (prêt à en découdre), celui au cor, le Crieur de la ville?

Les animaux ne sont pas ne reste… Le Lièvre joue du Biniou, la Truie file.

Sur la maison d’en face, un Pélican symbole de l’amour du Christ et de l’Abnégation.

Dans la rue adjacente, la Maison Le Moué, maison à colombages reconnaissable à ses chevrons en brin de fougère et sa forte avancée d’encorbellement, date du 15ème siècle.

Un peu plus loin, nous voici au siècle suivant. Les hôtels particuliers se succèdent et offrent aux amoureux des pierres leurs frontons ouvragés, leurs niches sculptées et leurs portes en accolade.

Dans une arrière-cour, les vestiges d’un pigeonnier postérieur au 16ème siècle.

La Maison du Corps de Garde était initialement en encorbellement et pan de bois. Son nom s’explique par sa proximité avec l’ancienne porte fortifiée à pont-levis de St Julien. La place-forte pouvait alors accueillir jusqu’à 400 hommes dont 80 cavaliers.

Il ne faut pas hésiter à fureter ici et là et se laisser surprendre par d’amusantes et curieuses sculptures au gré des étroites ruelles qui entourent le centre historique…

Profiter de la fraîcheur des ruelles médiévales et retrouver un peu de calme,

avant une petite incursion dans le jardinet joliment fleuri du presbytère.

Laisser un commentaire