Né le 9 Janvier 1902 à Laval, Robert Tatin fut d’abord peintre en bâtiment dès l’âge de 14 ans. Très vite, il s’installe à Paris parce qu’il rêve des Beaux Arts et prend des cours du soir. Rentré à Laval après son service militaire, il suit une formation de charpentier puis crée sa propre entreprise de  bâtiment. C’est à cette époque qu’il acquiert le goût des voyages. Après guerre, il  vend son entreprise et s’installe à Paris où il s’initie à la céramique. Après avoir reçu un premier prix de sculpture à Sao Paulo en 1951, il parcourt l’Amérique latine dont on retrouve les lointaines influences dans cette œuvre monumentale perdue dans la campagne mayennaise. Il lui aura fallu vingt ans pour créer, jusqu’à sa mort, en 1983, cette œuvre originale et plutôt insolite qui témoigne de ses talents de peintre, céramiste, sculpteur et architecte et qui a fêté ses cinquante ans d’existence en 2019.

Tout est parti de cette petite maison achetée en 1962, sur le site de la Frénouse à une vingtaine de kilomètres de Laval. Robert Tatin imagine « sa maison des champs », « une oeuvre-pont entre l’Orient et l’Occident ».

Pour y accéder, on suit sur une petite centaine de mètres l’Allée des Géants. La première des sculptures qui la constituent est réalisée en 1967. Au nombre de 19, et pour mieux résister au temps, elles sont en ciment armé et repeintes tous les sept ans.

Les premiers géants font référence au monde de l’enfance . Les verbes être et avoir veulent suggérer les questionnements qui interviennent à la fin de cette période.

Puis, au carrefour de l’adolescence,on aborde des sujets plus métaphysiques et religieux: ici, Sainte Anne représentée debout, tenant dans ses bras une jeune fille elle-même enceinte, symbolise les différentes générations et les différentes étapes de la vie.

Dans la deuxième partie, Robert Tatin rend hommage aux artistes du 19ème et du 20ème siècle qu’il affectionne particulièrement.

Peintres…

Sculpteurs…

Ecrivains…

Un haut-relief, la « Porte des Géants » représente les cinq peintres qu’il admire le plus: Rembrandt, Van Gogh, De Vinci, Goya et Delacroix.

Le Dragon asiatique, gardien de la Connaissance est l’entrée symbolique du Musée. Au-dessus de sa tête, une famille symbolise l’Humanité toute entière. Dans la gueule du dragon, une petite vierge provoque l’interrogation.

Robert Tatin voulait une œuvre en harmonie avec la Nature. Le jardinet de la maison en est le reflet et plusieurs hectares sont consacrés à l’exposition de certaines de ses œuvres en milieu naturel.

Avant de pénétrer dans le musée, on peut déjà s’amuser à repérer les divers références auxquelles l’artiste fait appel.

On entre alors dans le Jardin des Méditations. Il s’articule autour d’un bassin entouré de 12 statues qui représentent les 12 mois de l’année et on le contourne dans le sens de la rotation de la Terre.

La statuaire de l’artiste est des plus foisonnantes…

Divinités féminines décorent une sorte de déambulatoire qui coure tout autour de l’enceinte et abrite six galeries dans lesquelles sont exposées ses peintures, aquarelles, céramiques et lithographies.

Deux portes évoquent la course du Soleil autour de la Terre: la Porte de la Lune à l’ouest et la porte du Soleil à l’est.

Notre-Dame Tout-le-Monde, une sorte de grand totem (de 6m50 de haut) crée le lien entre la Terre et le Ciel et a l’air de veiller sur le site.

Un escalier semble vouloir nous emmener jusqu’au ciel.

On l’aura compris, le langage de Robert Tatin est chargé de symboles. Le métissage est culturel, religieux, les références multiples, le tout dans une ambiance art aztèque.

Les murs, le sol, tout est support pour le génie de l’artiste et , sur les hauts murs ornés de bas-reliefs contant mythes et légendes fondateurs des grandes civilisations, l’on s’amuse à repérer ici, l’Arche de Noé, là, le Taj Mahal, une pagode chinoise ou une pyramide égyptienne.